L’apolitisme du Comité d’Intérêt Local

Dans ses statuts, notre CIL rappelle qu’il est et doit être apolitique.
L’apolitisme, c’est n’afficher aucune opinion politique et se tenir en dehors de la lutte politique (définition du Petit Robert).

Cette définition permet aux membres d’un Comité d’Intérêt Local de soutenir que leurs actions dans le CIL sont vraiment apolitiques, quelles que soient leurs opinions et par ailleurs leurs actions éventuelles locales ou nationales.

Or une définition première de la politique, au sens grec du terme, est ce qui est relatif à l’organisation de la cité. Or le CIL s’occupe précisément des décisions du pouvoir municipal, qui concernent son quartier, dans la cité.
Cette définition peut conduire les détracteurs du CIL à affirmer que les demandes et propositions du CIL sont de nature politique. D’ailleurs, ne reposant pas nécessairement sur les même valeurs, nos préconisations n’ont aucune raison de coïncider avec les orientations du pouvoir institutionnel. C’est d’ailleurs dans les domaines où la politique de la ville diverge des souhaits du CIL Gerland Guillotière qu’il se doit d’exprimer ses divergences. Cela peut donc conduire nos détracteurs à en conclure que nos préconisations sont guidées par des options de lutte politique.

Tout en se prétendant apolitique le CIL peut faire reposer sur des valeurs, ses sujets d’intérêt, ses analyses de problèmes et ses propositions de solutions, pour améliorer la vie du quartier. Ces valeurs ne sont pas forcément évidentes, mais il est intéressant d’en être conscient et d’y avoir réfléchi sérieusement. Nous souhaiterions ici exprimer les valeurs qui sous-tendent notre activité et nos interventions.

Ces valeurs qui guident le CIL sont :

  • la liberté,
  • le progrès,
  • la rigueur.

Comme nous allons l’expliquer, ces valeurs nous conduisent à combattre des décisions ou des modes de fonctionnement qui reposent sur 3 valeurs contraires :

  • la contrainte,
  • l’immobilisme,
  • le dogmatisme.

La liberté

La liberté consiste à tâcher d’éviter d’imposer par la contrainte.

Certains en 1968 disait « il est interdit d’interdire ».

La liberté implique est une stratégie d’offre.
Cette stratégie consiste à offrir des solutions non seulement plus attractives, mais qui apporteront aussi les avantages recherchés pour la collectivité. Elle repose sur la confiance dans les individus pour choisir, la solution qui présente alors le plus d’avantages autant pour la collectivité pour eux-mêmes.

Elle s’oppose à une stratégie de contrainte qui consiste à mettre en place des interdictions ou des limitations. Par exemple instaurer des limitations d’accès au centre pour les seuls véhicules dotés de vignettes appropriées ou des limitations  insidieuses (qui font perdurer des blocages de la circulation) en espérant décourager l’utilisateur.
D’un point de vue pragmatique, les stratégies de contrainte, non seulement génèrent la contestation, mais aussi provoquent des « effets rebonds« , c’est à dire soit des résistances, soit des stratégies individuelles d’évitement incontrôlées, dont la conséquence a généralement un effet indirect bien plus désastreux que l’existant et bien entendu que l’effet des stratégies d’offre. Exemple d’effet rebond : l’installation constatée de plus de travailleurs en banlieue, pour éviter les bouchons et la pollution du centre, ce qui accroît les distances parcourues.

Le progrès

Le progrès c’est offrir une place aux améliorations résultant des évolutions, des réformes, des changements de paradigme, pour le bien des citadins.
Dans le choix des options, l’immobilisme est plus facile pour les politiques et les techniciens, car il évite les risques et aléas de l’innovation, quitte même à extrapoler, au delà de leurs limites, les options ou les solutions actuelles.

Par exemple, les progrès technologiques et économiques des batteries sont en train d’offrir de nouvelles solutions pour le transport, plus sobres en CO², moins polluantes et plus économiques. Sur ce site, nous proposons de nombreuses solutions innovantes. Il importerait que nos Plans de Déplacement Urbains se placent dans cette perspective, même si elle risque de contrecarrer les options du passé et l’intérêt de certaines solutions collectives actuelles.

La rigueur

La rigueur, peut exprimer à la fois une notion de sévérité et une notion de recherche d’exactitude. La rigueur convient à définir nos actions dans un sens comme dans l’autre.
En effet, nous entendons réagir chaque fois que les actions de la ville sont entachées de défauts de principe ou d’exécution, ressentis et exprimés par les citadins.

Dans le sens exactitude, la rigueur signifie précision, logique inflexible, la rectitude (Petit Robert), sous-tendu par la raison, la sagesse, par opposition à la déraison et au dogmatisme.

La rigueur implique de partir des objectifs (généralement formulés dans des plans) par une analyse objective de toutes les composantes d’une situation, d’un problème  d’analyser logiquement toutes les causes de dysfonctionnements pour en déduire une solution d’amélioration maximisant les avantages et minimisant les inconvénients, après examen des divers points de vue physique, économique, organisationnel, social… .
La rigueur permet d’éviter de promulguer des solutions conventionnelles toutes prêtes, fondées sur l’habitude ou des principes dogmatiques souvent mal adaptés à la solution ou à éluder idéologiquement certaines solutions efficaces mais qui ne seraient pas conformes à l’image politique que prône telle ou telle formation politique ou qui ne serait pas assez populaires et donc défavorable à une prochaine élection.

La rigueur commande entre autres de faire un bilan objectif des problèmes, de reconnaître ses erreurs pour changer son fusil d’épaule quand c’est nécessaire.
Par exemple, la pollution à Lyon baisse trop peu alors que le choix modal de la voiture a diminué de l’ordre de 10%. Pourquoi la pollution a t-elle trop peu diminué, en tout cas bien moins que les plans ne l’espéraient et que les normes européennes ne l’imposaient, alors que l’impact du durcissement des normes Euro aurait dû la faire diminuer de plus de 60% dans la période considérée et que la circulation automobile est plutôt en diminution. Pour trouver les bonnes solutions, il faut rechercher les vraies causes et reconnaître notamment que l’accroissement est surtout dû à l’accroissement récent des bouchons.
Ces bouchons sont causés non seulement par l’accroissement de la population dans la métropole, mais aussi, par les options, comme l’utilisation de la chaussée par les transports en commun en site propre, la mise en place de ralentisseurs, la multiplication des feux tricolores non synchronisés ou de mauvais chois de voirie.

On peut par exemple opposer, par dogmatisme les solutions collectives (transport en commun par exemple) et les solutions individuelles (la voiture par exemple). Le choix entre collectif et individuel ne doit pas reposer sur un dogme politique, mais sur le libre choix pragmatique de l’usager conscient des avantages de son point de vue de la solution (ou du mix de solutions) qu’il peut adopter (rapidité, confort, exactitude, économie…). Pour la collectivité, le choix des solutions offertes doit donc reposer sur une analyse rigoureuse, sérieuse et globale des avantages et inconvénients (économiques à long terme pour le citadin, écologique, pratique) de chaque solution ou du mix de solutions disponibles. Le choix sera un bon choix lorsque les 2 choix coïncideront.

Par exemple, quand on prolonge une ligne de métro, on constate qu’elle est immédiatement très fréquentée. De plus, le métro automatique dans les zones d’habitation dense est de loin la solution la plus économique à court terme pour l’individu et à long terme pour la collectivité, malgré son coût d’investissement le plus élevé. En revanche, pour desservir la banlieue lointaine, il conviendrait , comme le demande la Cour des Comptes, d’imaginer des solutions à la fois plus économiques pour la collectivité d’une part et plus pratiques et plus rapides que les bus d’autre part .

Notre apolitisme

Dans nos réflexions sur la recherche de solutions satisfaisant l’intérêt général, notre apolitisme consiste à privilégier la liberté de choix du citadin, par une stratégie d’offre, plutôt que de développer une stratégie de contrainte, plus par pragmatisme que par idéologie.

Notre apolitisme consiste à intégrer, dans nos réflexions sur les choix stratégiques, les prospectives de progrès possibles, même si ceux-ci ont été ignorés par les autorités en place.

Notre apolitisme consiste donc à analyser chaque difficulté et à proposer des solutions établies avec rigueur, surtout si d’autres solutions moins adaptées sont proposées par le pouvoir en place quel qu’il soit.

Naturellement, nous aimerions que ces valeurs de progrès, de liberté et de rigueur soient  partagées avec les décideurs en place, par l’instauration de méthodes de concertation rigoureuses et de réflexion de groupes qui garantissent l’adéquation des  décisions avec les souhaits de la population (démocratie participative), prônée par les politiques, qui en parlent, mais dont nous attendons encore la mise en œuvre effective.

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