Pour un « boulevard urbain » sans congestions

Réduction du débit par le passage de l’A7 en boulevard urbain

Pourquoi s’en préoccuper ?

La Métropole a pris la responsabilité de l’aménagement de la jonction A6-A7 et du tunnel de Fourvière, avec son « déclassement en boulevard urbain ». Les aménagements envisagés ne seront pas sans répercussion sur Gerland, non seulement parce que l’A7 le longe sur 2 kilomètres, mais aussi parce que les automobiles risquent fort d’utiliser les axes du 7ème arrondissement comme déviation.
Le concept des aménagements futurs est de ralentir la circulation par tous les obstacles urbains habituels (rétrécissement de chaussée, feux tricolores…). Initialement, l’objectif semblait être de créer encore plus de bouchons, pour que le financement du bouclage de l’anneau des sciences par l’état apparaisse comme inévitable. Pire, le bouclage par un Tronçon Ouest du périphérique dit « anneau des sciences » prévu pour 2030, a lui-même été abandonné par les nouveaux élus..
En attendant, les quartiers de la métropole recevront à la fois le trafic dévié et la pollution.

La situation actuelle

L’axe Nord-Sud permet au trafic de circuler à environ 70km/h en l’absence de congestion.
L’axe est aujourd’hui saturé en moyenne environ 5h par jour en semaine et plus pendant les migrations d’été, (selon TomTom et ce que je vois de ma fenêtre). Ce secteur est le plus sensible de Lyon, 5ème ville de France en 2016 pour les embouteillages. Les lyonnais mettent 29% de temps en plus pour un même trajet par rapport au temps trafic normal soit 33 minutes par jour dans les bouchons (en 2019). Alors la vitesse (et le débit) diminuent, parfois jusqu’à la congestion totale. Le capteur de pollution d’ATMO-AuRA situé sur l’axe, à la Mulatière alerte réguièrement de dépassements de pollution (notamment aux oxyde d’azote) et participe à la condamnation de la France par l’Union Européenne pour inaction face à la « pollution excessive ».
Aujourd’hui, les congestions ont lieu entre Perrache et le pont Pasteur, rarement bien plus au Sud. Leur longueur et durée a été au moins doublée par la création d’une voie cyclable sur la chaussée entre Perrache et Bellecour. Les voitures de pompiers ou les ambulance mettent maintenant souvent un quart d’heure pour remonter le bouchon.

Rappelons que le débit d’un axe est optimum pour une circulation à une vitesse constante approximativement de 50 km/h (Voir l’article : Comment diminuer les 500 décès dus à la lenteur ?). En dessous, la congestion se produit brutalement. Introduire un feu tricolore ou une série de feux synchronisés va réduire le débit maximum dans un rapport égal au rapport voisin de 4. Mais pour cela, il faudrait que la distance entre feux à synchroniser soit précisément un multiple de [Distance parcourue en une seconde] * [durée de la période], soit, à 50km/h : 14m/s * 90s / 2 = 630 m/s. Comme ce n’est, malheureusement, en général pas le cas, une série de feux va réduire le débit dans un facteur bien supérieur à 4 (de l’ordre de 6 au moins). De plus, actuellement, le nombre de voies de l’axe Nord Sud est de 3. Sur les projets de boulevard urbain, le nombre de voies de circulation serait de seulement 2, voire une en cas de couloir de bus.
Le débit maximum de l’axe Nord Sud risque alors d’être divisé par 12 à 18.

Comme toute réduction de débit va de plus générer des congestions, celles-ci seront de beaucoup plus longue durée matin et soir de semaine et durant les vacances. De plus, ces congestions se prolongeront très vraisemblablement jusqu’à Feyzin, au moins, à la jonction avec la D383, donc bloqueront les automobiles beaucoup plus longtemps.
Pendant ces périodes de congestion, la diminution de débit comparée à celle des congestions actuelles sera nettement supérieure (probablement d’un facteur >3), par rapport au débit durant les congestions actuelles.
Si l’axe Nord Sud passe en boulevard urbain, l’échappatoire du pont Pasteur ne sera pas suffisant et de plus sera lui-même saturé bien plus longtemps que les quelques heures du matin et du soir.

Mesures préliminaires

C’est pourquoi, comme l’avait souhaité Gérard Collomb, aucun aménagement n’est raisonnable avant que ne soient réalisés :

  1. le bouclage de l’Anneau des Sciences hélas abandonné,
  2. un vrai contournement Est, encore différé.

Un vrai contournement Est est un contournement qui relie l’A432 à l’A7, si possible au péage de Reventin.
Le contournement réduit (par économie) actuellement à l’étude qui le raccorde à l’A46 étant nettement plus long que le trajet direct sera peu utilisé (non préconisé par les aides à la conduite) et de plus accroîtra les bouchons actuels sur ce contournement et n’aura ni l’attractivité  ni débit indispensable.

Même si ce n’est pas pour bientôt, il est indispensable d’attendre.

Conséquence néfastes pour les congestions dans le 7ème

Pour éviter les bouchons de l’A7, les conducteurs, aidés par leurs appareils d’aide à la conduite bifurqueront à Feyzin vers Gerland. Là ils se distribueront entre la rue de Gerland et le cours Jean Jaurès. Ceux qui ne l’auront pas fait pourront essayer de se dévier en traversant le Rhône au pont Pasteur et emprunter l’Avenue Leclerc, jusqu’à l’embouteillage à l’approche du cours Berthelot.

La pollution induite se reportera dans le 7ème, déjà à la limite de seuils de pollution autorisés (lesquels sont double de ceux préconisés par l’OMS).

Conséquences sanitaires des  congestions

La pollution ambiante provoque 48 000 décès prématurés par an en France soit de l’ordre de 2 décès par jour sur Lyon et plus de 2.000 par an dans la Métropole, dont au moins 1.000 évitables.

Selon le bilan 2016 d’ATMO-AURA[2] cette pollution est en très faible diminution, malgré :

  1. les normes Euro qui sont censées diviser par 10 des émissions de pollution des véhicules neufs, et une réduction par 4 de la pollution moyenne du parc automobile.
  2. la circulation en ville qui a baissé légèrement.

Pollution à Lyon Sud

La pollution par le NO2 provient principalement de la circulation routière et des congestions.

Carte de la pollution NO2 dans Lyon

Rappelons que :

la Commission européenne après de multiples avertissements a condamné à la France à de fortes amendes pour dépassements répétés des limites réglementaires fixées pour le dioxyde d’azote (NO2) et insuffisance des plans d’amélioration de la qualité de l’air. Ces amendes prévues sont de 100M€ la première année et de 80M€/an ensuite.

Il est donc à la fois vital et économiquement indispensable de prendre des mesures pour diminuer la pollution et encore plus pour éviter de l’accroître. Sinon, les habitants de la confluence à qui on a vanté un boulevard agréable, arboré et sain, verront leur santé impactée s’ils osent approcher ce boulevard embouteillé, pour une promenade le long du Rhône.

Une alternative de galerie à étudier

Une alternative pour éviter les congestions consisterait à édifier sous la voie actuelle un passage en galerie, réservée aux Véhicules Légers de moins de 2m de haut.

Depuis la construction de l’axe Nord Sud (1959), la hauteur des crues du Rhône se révèlent faible. Dans la pratique, ce passage ne serait donc jamais inondé. Les raccordements aux extrémités avec le tunnel au nord et l’entrée à la confluence ne semblent pas poser de problèmes majeurs.

Mais au lieu de cela un projet consiste à démmolire l’ouvrage de la Confluence.

Faire payer le transit par Fourvière

Actuellement, la traversée du tunnel de Fourvière est la voie la plus courte et de plus elle est gratuite, contrairement aux contournements. Par conséquent, c’est la voie privilégiée par les dispositifs d’aide à la conduite.
Pour pallier à ce problème il conviendrait de rendre le tunnel de Fourvière à péage, pour ceux qui ne font que transiter dans Lyon. Ce projet a été soutenu (sans succès) par le député de la 1ère circonscription (Thomas Rudigoz) moyennant une reconnaissance optique à la volée, de la plaque d’immatriculation. Mais hélas sa proposition a été rejetée par la majorité (de son bord) à l’Assemblée Nationale.

Ainsi, naturellement, les lyonnais seraient dispensés, de payer, puisque ce sont les seuls qui ont financé le tunnel (à 100%), contrairement aux habitants du Rhône (à 75%), aux Français (à 50%) et aux étrangers (à 0%) qui sont majoritaires notamment pendant les bouchons des vacances.

Mesures complémentaires pour réduire le trafic à Lyon

L’accès est interdit aux poids lourds (sauf aux bus toujours au diesel).
Les bus qui y circulent devraient fonctionner au gaz ou mieux à l’électricité.
La plupart des véhicules légers proviennent de ou se dirigent vers 4 axes principaux :

  1. le périphérique,
  2. l’A7, Rive droite du Rhône au Sud de Lyon,
  3. les communes de la rive droite (Pierre Bénite, Oullins) et l’A450,
  4. Sainte Foy.

Pour chacun de ces axes, il conviendrait absolument construire d’immenses Parc Relais (>2000 places) sur le trajet du métro :

  1. aux stations du métro B, à Gerland pour ceux venant du Sud ou de l’Est,
  2. à Oullins, ou au HCL sud, ou mieux sur l’A450, à St Genis 2 (très fréquenté), une fois le métro prolongé B jusque là, pour les habitants de la rive droite, mais avec des accès rendus commodes,
  3. à la Confluence, pour les autres qui veulent prendre le métro A, via le T1.

Mais les parcs relais (à étages) ne font plus partie des objectifs du SYTRAL, car ils ont un coût et ne seraient possibles que moyennant une participation financière des utilisateurs (de l’ordre de 5€ par jour soit bien moins chère qu’un parking en ville).

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[1] un peu inférieur à [durée de la phase verte] + [retard du au démarrage] / [durée de la période], soit :
1-25/60 = 58% ou 1-25/90 = 73% (le plus généralement)
[2] chargée de la mesure de la pollution en Rhône-Alpes Auvergne.